15 novembre 2022

Entreprendre : je me suis lancée dans un projet de seconde main

Entreprendre : je me suis lancée dans un projet de seconde main
Lancer sa boutique de seconde main est une riche et belle aventure. C’est un engagement, fruit de convictions pour le présent et l’avenir. Mais le cheminement qui m’a amenée à cette idée, et à la découverte approfondie de cette façon plus éthique et originale de consommer la mode, a été une succession d’étapes et de prises de conscience. Je vous explique comment est né ce projet.

D’abord, je suis partie d’un constat simple : il était temps, dans ma vie, de passer à autre chose. Je voulais tourner une page sur le plan professionnel. Longtemps salariée, l’envie de créer mon entreprise, avec des valeurs et une vision qui me ressemblaient, grandissait jour après jour. Entreprendre était une possibilité crédible. Mais pour sauter le pas, il fallait trouver un concept qui m’anime et me motive, chaque matin, et même dans les périodes les plus difficiles.

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Un projet entrepreneurial qui fait sens

Au fil de mes réflexions et de mes rencontres, permettre à toutes et tous de mieux consommer la mode est devenu une évidence. Une discussion avec ma nièce m’a définitivement convaincu de l’intérêt de bâtir un projet porteur de sens, qui me ressemble et qui pouvait concrètement apporter une alternative aux boutiques qui existaient jusqu’alors à Chambéry.

Mais la seconde main, dans tout ça ? Lorsque l’on s’intéresse à la mode, un constat accablant frappe d’entrée de jeu : 100 milliards de vêtements sont produits par an dans le monde entier, faisant de cette industrie l’une de plus polluantes, puisqu’elle représente à elle-seule 2% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Au fur et à mesure de mes recherches, les découvertes s’enchaînaient.

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Avoir un impact sur l’industrie de la mode

J’avais déjà conscience des impacts et des enjeux, mais de là à savoir que 4 milliards de tonnes de déchets vestimentaires étaient jetées chaque année en Europe… Sans compter tous les vêtements qui dorment dans nos placards, pas portés depuis des mois voire des années car démodés, trop petits ou légèrement abîmés.

C’était un problème majeur auquel je voulais, à mon échelle, m’attaquer frontalement. C’est d’ailleurs par ces réflexions que la seconde main m’est parue une solution crédible et d’avenir aux dysfonctionnements d’un système sans issue drivé par les acteurs de la fast-fashion.

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Une immersion sur le terrain avant d’entreprendre

J’ai donc commencé par une immersion, à travers de courts stages, pour comprendre les tenants et aboutissants, ainsi que le fonctionnement, d’une boutique de dépôt-vente. C’est un métier à part entière, dont il faut comprendre les codes, les pièges et les taux de rentabilité.

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Comment calculer ses marges ? Comment s’assurer qu’une pièce sera vendue ? Comment gérer au mieux ses stocks ? Ce sont autant de questions que je me posais avant même d’entreprendre et de tracer les contours de mon projet. Mais c’est aussi cette phase qui m’a permis de m’assurer de l’essentiel : est-ce que l’univers de la seconde main me plaît ? La réponse a rapidement été évidente.

C’est à partir de là que j’ai décidé de me lancer dans cette formidable aventure. Je me suis entourée, allant frapper aux portes de la CCI de Savoie pour apprendre à construire un business model viable, capable de donner vie à une entreprise pérenne. J’ai progressivement acquis de nouvelles compétences : marketing, comptabilité, juridique.

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Entreprendre dans la seconde main

C’est la clé pour garantir le succès de son projet. Après plusieurs mois de préparation, et des stocks qui attendaient déjà à la maison, j’ai ainsi eu l’opportunité, fin 2019, d’ouvrir ma propre boutique de seconde main dans le centre-ville de Chambéry. Un concept que j’ai ensuite prolongé avec la création de mon site e-commerce.

Bien entendu, depuis, l’aventure a connu beaucoup de rebondissements, notamment avec la fermeture forcée lors des confinements successifs. Nous avons opéré des changements, vérifié des hypothèses, tenté des expérimentations. C’est par exemple en osant innover que nous avons lancé notre service de location de vêtements ou mis en place des portants non-genrés. Entreprendre, c’est accepter d’évoluer et de casser des codes.

Désormais, La Belle Armoire poursuit donc sa route. Notre mission : permettre à chacun et chacune de mieux consommer la mode.

Rachel Troillard, fondatrice de La Belle Armoire