16 mars 2022

L’entrepreneuriat au féminin : des freins, des chiffres et des solutions.

Comment booster l'entrepreneuriat au féminin ?
Lorsque je me suis lancée, je ne me rendais pas compte que les chiffres restaient aussi contrastés. Selon les données de 2019, les femmes représentent seulement 27% des dirigeants d’entreprise en France, contre 73% d’hommes. Elles ne représentent aussi que 30% des créateurs de start-up.

Nous sommes certes de plus en plus nombreuses à franchir le pas. Progressivement, les barrières tombent. Pas toutes, pas assez vite, mais elles tombent. La question que je me pose est simple : quand arriverons-nous à l’équilibre, à la mixité ? À priori, nous allons encore devoir attendre quelques années.

Car oui, il me paraît évident que certains freins empêchent un développement massif de l’entrepreneuriat au féminin. C’est d’ailleurs le sujet d’un excellent article des Echos, paru en 2019. Parmi les phrases qui m’ont le plus marquée : « la pensée collective considère encore l’entrepreneuriat comme une activité à dominance masculine ».

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Entrepreneuriat féminin : quels sont les obstacles ?

Alors pourquoi ? Déjà parce que, si les mœurs évoluent, il est évident que les femmes rencontrent des obstacles supplémentaires quand elles veulent lancer leur entreprise. Comme le résume très bien un dossier rédigé par Cairn, de nombreuses études le démontrent : la difficulté à concilier vie de famille et vie professionnelle, le manque de confiance, mais surtout le manque d’accès aux sources de financement expliquent en grande partie le fait que les femmes soient, à l’heure actuelle, moins présentes que les hommes dans le domaine de l’entrepreneuriat.

Ainsi, à titre d’exemple, les entreprises créées par des femmes tendent, encore aujourd’hui, à attirer moins de capitaux. C’est donc un défi de tailler à relever, puisqu’il s’agit du facteur d’échec principal dans la création d’entreprise.

Si oser est un premier pas vers l’entrepreneuriat, obtenir les fonds nécessaires à la concrétisation de son projet est une étape fondamentale. Seulement, comment passer du constat à l’action pour faire en sorte de renverser la tendance et d’apporter davantage de mixité dans l’entrepreneuriat ?

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Lever les freins à la création d’entreprise

C’est un sujet auquel beaucoup réfléchissent, notamment les associations spécialisées dans l’accompagnement des nouveaux créateurs d’entreprise, comme Réseau Entreprendre, l’Adie, Initiative Savoie ou Moovjee. A travers des concours et des dispositifs spécifiques, ces acteurs de l’entrepreneuriat ont conscience des enjeux et des ressources à mobiliser pour lever les freins et faciliter l’accès au financement.

Résultat : depuis quelques temps, la tendance s’inverse, doucement mais sûrement. Nous le voyons par nous-mêmes, à Chambéry, avec de plus en plus de femmes qui décident de lancer leur projet, le plus souvent autour de projets éthiques, conviviaux et audacieux. A proximité de notre boutique, nous avons de nombreuses cheffes d’entreprises inspirantes, comme c’est le cas d’Élise et Caroline, fondatrices des Poulettes, ou de Marlène, fondatrice d’InBloom Cosmétiques.

D’ailleurs, les récents chiffres sont encourageants :
– Les entreprises dirigées par les femmes sont plus rentables que celles menées par des hommes.
– 40% des entreprises individuelles ont été créées par des femmes au cours de l’année 2020, et ce dans un contexte très particulier.
– Seules 3,1% des TPE dirigées par des femmes ont été jugées en défaillance, contre 5% pour les TPE gérées par des hommes.

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Quelles solutions pour renforcer l’entrepreneuriat au féminin ?

Alors, certes, le chemin est encore long, mais nous sommes sur la bonne voie. Il existe à notre goût plusieurs solutions, à court, moyen et long terme pour favoriser le développement de l’entrepreneuriat au féminin. Déjà, lever tous les obstacles au financement, avec la multiplication des programmes d’accompagnement et, pourquoi pas, l’instauration de dispositifs spécifiques pour encourager encore davantage les fonds d’investissement à soutenir les projets portés par des femmes.

Ensuite, il y a un vrai travail au niveau de l’éducation. Le manque de confiance est avant tout culturel. Il nous paraît donc nécessaire d’ouvrir le champ des possibles aux jeunes filles, et ce dès le plus jeune âge, pour les mettre au même niveau de confiance que les hommes. Nous avons des capacités similaires, il suffit de l’affirmer.

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Des raisons sociologiques

Christian Baudelot et Roger Establet, sociologues, l’avaient d’ailleurs expliqué dans un article du Monde, daté de 2009 : « la moindre confiance en soi des filles et la surestimation de soi des garçons nous frappent ». Ils avaient confié : « rien de génétique dans ces différences, mais seulement la trace profonde d’une éducation très différenciée depuis le premier jour, dans la famille et dans la société ».

Enfin, nous savons tous que nous grandissons avec des modèles en tête. Si jusque dans les années 1990, la grande majorité des dirigeants étaient des hommes, le constat s’atténue, doucement. De nombreuses femmes cheffes d’entreprises inspirent la nouvelle génération. Parlons par exemple de Pauline Laigneau, fondatrice de Gemmyo, de Justine Hutteau, fondatrice de Respire, ou de Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi. Elles ont un impact direct sur les femmes aspirant à entreprendre.

A La Belle Armoire, nous sommes convaincues que les femmes sont l’avenir de l’entrepreneuriat. Montrons-le !

Rachel Troillard, fondatrice de La Belle Armoire